Zbigniew Dowgiałło et Anna Gruszczyńska sont les créateurs d'une nouvelle orientation artistique : Futuro Cosmos.

Le théoricien du domaine était l'historien de la philosophie Krzysztof Dowgiałło.

Ils ont annoncé leur programme au printemps 1987 lors d'une exposition commune à la Promotional Gallery. Les peintures qu'ils montraient étaient complètement différentes de celles qu'ils avaient peintes et présentées lors d'autres expositions. La critique d'art Maryla Sitkowska rappelle que « le tableau le plus remarquable montrait un bosquet abstrait sans tuyaux ni lianes : une technologie étroitement liée à la biologie dans un tissu épais et indissociable ». Elle ajoute : « À l'époque où l'on attendait des peintures des jeunes qu'elles expriment des connotations politiques et où l'on attendait de Dowgiałło qu'il réalise d'autres pastiches d'art trouvés dans les musées, cette exposition et cette peinture ont été ignorées. » Lors de l'ouverture

un manifeste fut annoncé faisant la promotion d'un nouvel art - l'art évolutif - formulé en dix-sept paragraphes. Cela a commencé par des critiques impitoyables du statu quo.

 

La source de la décadence et du déclin se trouvait dans l’effondrement du monde artistique tout entier. « L'intégration rationnelle à un niveau supérieur » a été indiquée comme la seule solution. Les paragraphes suivants se lisent comme suit :

 

« Le monde est dans un mouvement uniformément retardé et apathique, porté par l'inertie des années précédentes, sans but, sans sens, et il en va de même pour l'art d'aujourd'hui. Il est temps d’interrompre ce mouvement retardé, de changer de cap et de mettre le monde en mouvement plus rapidement que la vitesse de la lumière. « L’ère d’une nouvelle forme approche et sa forme ne sera pas constituée des déchets épigoniques de l’art récent. Les apologistes doivent mourir et périr dans le feu ardent de l’art de l’évolution. "L'art de l'évolution mène au 21ème siècle." Ce manifeste s'intitulait Le premier programme de la première Académie évolutionniste de l'art mondial. Même si Dowgiałło lui-même ne le voit pas, ce programme était une utopie au sens plein du terme. Par essence, toute utopie est une vision dichotomique du monde, polarisée entre ce qui existe et ce qui devrait être. Les visions de mondes parfaitement agencés nécessitent toujours leur contraste saisissant avec l’ordre existant. Il faut souligner que les jeunes artistes ne voulaient pas échapper aux dimensions inconfortables du monde, mais lui donner une nouvelle forme. Il ne s’agissait donc pas d’une utopie d’évasion parfaitement justifiée par la fin de siècle imminente, mais plutôt d’une utopie héroïque de reconstruction de masse.

À l’époque, ce programme était vraiment unique car le postmodernisme, qui niait l’idée de progrès linéaire, écartait également toute idée d’utopie. C'était l'avant-garde qui était utopique dans son programme. Après sa crise, les systèmes holistiques pour la renaissance de l'art et du monde sont apparus extrêmement rarement.

Le nouveau programme devait être mis en œuvre par la Première Académie Évolutionnaire de l'Art Global, créée en mars 1987, dont le siège est à Varsovie et des succursales à Gdańsk, Genève, Milan, Munich, New York, Los Angeles et Rotterdam.

  Un an plus tard, les artistes créent un deuxième manifeste accompagnant l'exposition Evolutionary Architecture à la SARP.

 

Lors des deux présentations, Zbigniew Dowgiałło a montré des œuvres à la forme fortement géométrique et énergisante, s'éloignant programmatiquement de « la subjectivité, l'expression, l'émotivité, l'instinct, la touche littéraire » au profit du « rationalisme, de la conscience, du dynamisme, de l'évolution ». Ces tableaux, aux titres très éloquents, construisent la topographie d'une nouvelle utopie, un lieu idéal qui n'existe pas, mais qui mérite d'être atteint.

  Futuro-Maison, Ville I [Ville I], Ville II [Ville II], Lumière dans la Ville, Pénétration Lumineuse, Ville Futuro-Espace.

 

Le concept clé d'évolution, compris comme croissance et différenciation constantes, a stimulé la recherche d'une nouvelle qualité. L'inventivité de l'artiste lui suggère les formes d'une synthèse d'ordre supérieur, associée sur le plan formel à un certain futurisme biologique et cosmique. L’introduction à l’évolution de l’esprit devait être une évolution biologique et technique, accélérée par le rythme vertigineux du développement technologique.